mardi 17 mars 2015

JE SUIS DONC JE DIRIGE: DU SUFFRAGE UNIVERSEL DIRECT À LA MODE DE CHEZNOUS.

Prenez ombrage, car il est venu le temps où nous sommes rattrapés par les larges filets des oiseleurs patentés et de leurs mandants officiels et/ou officieux.


En effet, toutes les fois que les besoins  de représentants "démocratiquement choisis" se font sentir, nous sommes conduit, en foules entières, aux urnes; et cela pour respecter les bonnes manières du suffrage universel direct. Mais à la grande différence des autres contrées, il s'agit, chez nous, d'un suffrage universel direct sur fond d'analphabétisme. La conséquence est que toutes les fois que nous conduisons les foules aux urnes, nous encourrons un risque majeur, par rapport à la qualité de la direction de la communauté; et partant, en relation avec les conditions du progrès en général. 



Rarement on se permet de mêler les voix des foules au choix des dirigeants des organisations à dimension humaine. Parce que celles-ci ont besoin, pour leur survie, d'un niveau minimal d'efficacité. Qu'elles soient religieuses, associatives, académiques, militaires, productives ou de quelque autre nature, les organisations ayant une obligation de performance, à laquelle se trouve liée leur pérennité, ne s'amusent pas à se fier à l'instinct grégaire de leurs composantes ( exemptions faîtes des Partis Uniques oubliés par l'histoire), quand vient le moment capital d'élire leurs dirigeants; c'est à dire, ceux dont le talent, le sérieux et l'engagement personnel de tous les instants, préservent et même fortifient l'organisation. Au contraire, elles y mettent un soin particulier: soit elles en confient la charge à un collège suprême de personnalités fortement motivées et conscientes des enjeux, soit elles procèdent par délégations successives, au fins de garantir une visibilité adéquate et un bon éclairage sur des choix successifs. 



Quant à nos nations, leur configuration en masse impersonnelle fait qu'on peut se payer le luxe faux et dangereux de toutes les incompétences. En effet, elles sont volumineuses, qu'en les regardant à quelque distance, on ne saurait si elles sont debout ou renverser à terre. Et les malheurs qui les frappent sont si largement partagés que l'on en perd la mesure. À cet égard, le tribut payé à l'analphabétisme des populations, par ailleurs largement entretenu, est hors de prix. Ceci tient à trois facteurs principaux qui sont: le référentiel tribal, ethnique, confessionnel et régional; la corruption due à l'argent et aux menues offrandes; et à l'ignorance. 



La sincérité des masses rurales et urbaines, en ces trois matières, ne fait aucun doute. 



C'est à visage découvert, en tambourinant et en se trémoussant, que nos populations se conforment aux normes ethniques, religieuses et régionales en politique. Il est cependant vrai que les masses rurales et urbaines ne sont jamais les instigatrices, au premier chef, de cette pratique politique pernicieuse. Elle est l'œuvre de politiciens médiocres, à la conscience avortée et de peu de talent, qui n'ont d'autres moyens de mobilisation que d'activer les instincts grégaires, frustres, des populations analphabètes et assimilées, dans l'unique but de les jeter dans des actions de masse périlleuses dont ils attendent un bénéfice égoïste. 



C'est sans le moindre sentiment d'indignité que les populations de nos pays s'organisent pour percevoir des mains de ces politiciens, les largesses des saisons électorales. Les visites subites de ces politiciens, en quête de suffrage, sont louches et grossièrement opportunistes. Ainsi, nos politiciens ne proposent aux populations, dont ils hantent les hameaux en des moments précis, aucun discours des idées. Ce pour quoi on ne peut, du reste, pas les blâmer, puisque d'idées ils n'en ont aucune. Ainsi ils apparaissent, aux yeux des populations, mêmes analphabètes, dont le bon sens reste intègre, comme des louches, qui se portent vers leurs hameaux et leurs baraquements pour des Intérêts mercantiles passablement avoués. C'est pourquoi les populations entendent se faire payer la juste contrepartie de leurs votes, avant que les amis visiteurs, par intervalles, ne évanouissent dans la nature. 



Pour ce qui est de l'ignorance, c'est un des droits inaliénable des groupes analphabètes, et on ne pourrait raisonnement le leur contester. Il s'agit bien entendu d'ignorance relative, celle qui se rapporte essentiellement à la vie civique, à la participation du citoyen moderne à la vie politique telle qu'elle nous est imposée par évolution des temps. L'ignorance dont il est question ici exclut les nombreux et très utiles savoir-faire des populations, ainsi que la sagesse populaire dont elles sont aujourd'hui les seules dépositaires. 





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