lundi 30 mars 2015

AU PAYS "NI RÉSERVE NI RÉSERVÉ".

Au pays "Ni réserve, Ni réservé", Verrès et Catalina surgissent de partout et il n'est même plus de Cicéron pour dénoncer les scandales. Néron, plus arrogant que jamais s'est installé, ce qui veut dire l'heure des martyrs...

mercredi 25 mars 2015

PRIÈRE D'UNE NATION MUTILÉE

Est-ce que tu dors, mon Dieu,
Est-ce que tu es sourd, mon Dieu,
Est-ce que tu es aveugle, mon Dieu,
Est-ce que tu es sans entrailles, mon Dieu?
Oū est ta justice,
Oū est ta pitié,
Où est ta miséricorde?
Nous avons beau prier, nous autre pauvres nègres,
Et demander grâce et demander pardon,
Tu nous foules comme le petit mil sous le pilon,
Tu nous écrases comme la poussière,
Tu nous réduits, tu nous bouleverses, tu nous détruits. 

Jacques Roumain. 
Gouverneurs de la rosée, 1964. 

dimanche 22 mars 2015

LE DISCOURS DES INSTINCTS GRÉGAIRES.

"Je préfère mon fils et ma fille a mon frère et ma sœur, mon frère et ma sœur à mon cousin et ma cousine, mon cousin et ma cousine à mon voisin et ma voisine..."



Il s'agit de discours agissant dans le sens l'activation de l'instinct grégaire des communautés,  de sermons insensés et démentiels visant à réanimer, partout où cela se peut encore,  les sentiments ethnocentriques et régionalistes des populations. Le but étant que s'établisse le faux débat, celui qui n'a aucun contenu, au sein duquel l'intelligence ne servant plus à rien cède la place à ce que chaque peuple possède en lui d'animalité. Ce type de discours agît contre le sentiment national sain, en suscitant et en alimentant des frustrations qui peuvent être réelles ou fictives. La manœuvre étant de dresser les constituants d'une même contingence nationale les uns contre les autres. 



Oui, qu'elle soit récente ou ancienne, homogène ou diverse dans sa configuration tribale ou ethnique, la nation est une contingence utile, dans le sens où elle permet la formation de groupes humains devant apporter une contribution commune à la civilisation universelle et à la création. À nos nations naissantes, la République de DJIBOUTI,  déjà sous dimensionnée, les femmes et les hommes de l'ethnocentrisme et du régionalisme font courir de grands risques d'éclatement et même de disparition. Ce type de discours est, bien entendu, le fait d'individus petits, incompétents, inintelligents, et franchement incapables de se faire une place sur le terrain fécond et exaltant des combats d'idées. Ils sont réduits pour cela à marchander, toute honte bue, un stock de partisans naturels, dont ils travaillent sans relâche à préciser les contours et l'individualité. 




Ainsi qu'ils se voient, ces "politiciens"  volent particulièrement bas et font courir, à tous, le risque d'écueils subits. Ces niais publics ont leurs équivalents, niveau de conscience pour niveau de conscience, dans les États développés du monde, où à défaut d'opposer les groupes ethniques et régionaux trop longtemps harmonisés, ils œuvrent à gonfler et animer le fantôme d'un étranger envahissant. C’est le fait des ultranationalistes et autres fascistes.

Que l'Esprit du peuple de DJIBOUTI nous préserve de ces démons vieux et jeunes !



Les sentiments tribalistes et régionalistes agités çà et là, mais essentiellement à travers les réseaux sociaux, sont sans contenu réel. En vérité, ils sont un non-lieu politique. D'autre part, les découpages territoriaux auxquels on y fait gravement référence, en termes de Nord, Sud, Est, Ouest sont si récents, si peu signifiants, et très certainement si arbitraires que c'est se hisser au plus haut sommet de la bêtise que s'y attarder à un instant. Quant aux inclinaisons tribales, elles côtoient de trop près l'instinct grégaire des bêtes : nous ne voulons rien en dire de plus.

Le discours tribalistes, ethnocentrique et régionaliste est le plus dangereux de tous, car la plus petite braise peut mettre le feu à toutes les forêts du monde. N'attendons pas que s'installent les radios et autres sites web des Milles collines, avant de nous indigner, car chaque fou se fait nommer au nombre de collines dont il dispose ; et même une colline, c’est assez effrayant. 



Cependant, il faut reconnaître que d'énormes disparités existent, persistent et souvent entretenues entre nos régions, nos villes et villages ; entre nos lieux-dits et hameaux, entre nos familles aussi ; et par-dessus tout, au sein des différentes entités qui composent l'entité immédiatement englobante. De même, des pratiques immondes d'injustice, de discrimination en tout genre se perpétuent jour et nuit sous nos yeux, pour le moins agacés, sans qu'aujourd'hui ni la force des mots ni celle des bras y puissent rien faire. 



Cependant, nous devons travailler avec ardeur à remédier à ces maux, qui constituent autant de bombes à retardement, autant de mines dissimulées sur des milliers de pistes. Les guerres intestines n'ont jamais été propres à remplir une mission de construction. Au contraire, elles font tout voler dans un fracas infernal et infectent l'avenir de sentiments de haine et de destruction. Elles nous donnent le mal en stocks inépuisables. L'édification nationale requiert plutôt intelligence et le service généreux des hommes et des femmes du pays. La réussite de l'œuvre découlera de notre compétence et de notre amour de la patrie ; mais jamais de notre sauvagerie collective partagée. 



Ainsi, tous, où et en quelles heures de la nuit ou du jour que nous soyons, nous devons discerner, dénoncer et combattre de toutes nos forces, les moindres circonstances, situations, attitudes et langages qui concourent à consolider le sentiment tribal et régionaliste, car ces expressions ont le mérite de dévoiler au grand jour la stupidité de leurs auteurs, elles font courir à nous tous le risque de la destruction. 



G
M
T
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mercredi 18 mars 2015

Oraison funèbre de Henriette Marie de France

"Celui qui règne dans les cieux, et de qui relève tous les empires, à qui seul appartient la gloire, la majesté et l'indépendance, est aussi le seule qui se glorifie de faire la loi aux rois et de leur donner quand il lui plait de grandes et terribles leçons". 


Jacques Bénigne Bossuet. 
1669

ELOÏ, ELOÏ, HAMMA SAKATNI

Il faut que notre sang s'allume et que nous prenions feu pour que s'émeuvent les spectateurs et pour que le monde ouvre enfin les yeux non pas sur nos dépouilles mais sur les plaies des survivants. 

dimanche 15 mars 2015

Ceux qui vivent sont ceux qui luttent.

Ne crie jamais et ne fuis jamais, quelque soit ce que tu auras en face.
Un homme ne court pas. Quand on doit la vie à la fuite, on ne vit qu'à moitié.
On est dominé soit par le souvenir de la peur,  soit par la honte.
On n'est plus un homme libre...
L'homme ne doit avoir peur que de la honte,  il ne faut jamais accepter la honte.
Seydou Batian
Sous l'orage, 1977.

samedi 14 mars 2015

MORALE ET CIVISME DANS LA NATION.

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"En notre temps, la seule querelle qui vaille est celle de l'homme, c'est l'homme qu'il s'agit de sauver, de faire vivre et de développer". 

Charles de Gaulle (Conférence de presse, 25 mars 1959). 


Quand nous exigeons l'assainissement profond des mœurs publiques et privées dans le cadre du processus de construction et de rayonnement de nos pays, ce n'est pas tant par dévotion morale et civique que par une nécessité basique dont est tributaire la préservation physique même de nos nations. Les repères moraux et civiques, dont la force contraint l'individu moyen à contribuer au renforcement du corps social, pourraient s'évanouir, et ne laisser la place qu'à la sauvagerie et à arbitraire, et nous ne serions plus loin de notre apocalypse  



Partout, les bases d'une accumulation utile du travail communautaire doivent être assises sur une rigueur implacable dans la gestion des ressources. Ainsi, qu'un sol fangeux ne peux recevoir sans un travail d'assainissement préalable l'ouvrage le mieux conçu au plan technique et architectural, de même le meilleur programme de développement ne peut être implanté et se maintenir dans un contexte de déchéance morale et civique généralisée. C'est pourtant ce que révèle l'état de lieu aujourd'hui. 



Nous somme cruellement suspendus, mis en apesanteur. Nous nous sommes décrochés de notre astre originel, sans avoir raccroché un autre véritablement. Nous ne sommes pas le résultat d'un métissage culturel enrichissant, comme il a été dit jusqu'à ce jour. Au contraire, nous sommes un mélange instable, atypique et passablement stupide. Nous sommes désaxés. Le substrat culturel est le support de la norme morale qui conduit chaque société. Il est aussi notre sens du beau et notre repère du bien. Avoir perdu ces trésors des peuples fait planer sur nos communautés de grands risques quand à leur survie même. Mais contrairement à ce qu'avance une certaine pensée moderne, nous étions au départ une société parfaitement structurée, dotée d'une morale ainsi qu'une philosophie claire, autant que celles des autres peuples. 



La situation appelle une entreprise de sauvetage, une suite de mesures d'assainissement en profondeur concomitamment aux actions d'édification nationale. Mais, elles ne sont qu'un préalable. L'ordre des actions importe grandement; il découle de la nature même des choses, et aucune force ne peut y déroger. Il vaudrait mieux renoncer à la vie même si l'on ne concsentait à agir selon l'ordre des choses. Il faut assainir le sol avant d'ériger un édifice viable; il faut administrer une bonne potion contre les parasites avant de proposer au patient une bonne alimentation; enfin, il faut chasser les chimpanzés du grenier, avant de crier aux enfants du pays: aux moissons et que sa grouille!



Voilà pourquoi une guerre totale contre la corruption, les délits et crimes qui lui sont voisins est une condition nécessaire  au programme de développement que nous préconisons. Il apparaît alors parfaitement ingénu de caresser le moindre rêve, la moindre espérance de vie et de rayonnement pour la nation, si nous ne sommes pas prêts à payer le prix de l'assainissement, peut-être même de l'amputation. Puisque la purification morale et le renforcement civique des citoyens est le premier gage de développement harmonieux et de la paix sociale, nous entendons y jeter toute la force de l'Organisation. 



On a entendu quelquefois des discours embrouillés qui tendent à soutenir qu'un effet positif pourrait, dans certains cas, être attaché à un contexte de corruption généralisée et s'enrichissement frauduleux de quelques uns, au détriment du plus grand nombre. Ils tendent àsoutenir qu'un pays pourrait trouver son équilibre dans la fange de la corruption et se construire un système économique et social non pas seulement informel mais souterrain, fait de galléries infectées par où transite l'essentiel des ressources du pays. 



Examinons ces situations d'illusions et de bombes à retardement. Nous verrons qu'ils induisent invariablement des mouvements politiques extrémistes et brutaux, fait de diverses formes de guérillas, d'attentats terroristes, de décapitations, d'industries de produits nocifs, de records de criminalité battus et tant d'autres fléaux encore. Ainsi il se forme de multiples affluents de violences qui grossissent celui plus fondamental d'un État dictatorial. Les peuples perdraient leur nature profonde s'ils venaient à s'accommoder de l'injustice sociale, de la faim et de la souillure de leurs dirigeants. 



Nous n'avons plus le choix. Nous devons maintenant nous attaquer à nos canardières de fiantes glaireuses et puantes, que nous laissons monter en grade de saletés inégalées. Nous devons maintenant ouvrir nos fosses communes de crimes dissimulés, les langes du nouveau-né et le linceul du mort que le froid tenaille, les haillons du pauvre qui cuit au soleil, nous les avons tous volés, nous les vauriens, nous qui volons par manies inguérissable. La nausée atteindra son paroxysme. Les viscères nous monterons à la gorge, et nos bouches se chargeront de baves abondantes. Tant nous avions été malhonnêtes, tant nous avions été sales. 



Les cas de déchéance extrême, vécus par certains États supposés modernes mais qui croupissent en fait dans les âges primitifs de la morale et du civisme, se sont tous révélés non viables. Et d'énormes efforts ont dû être consentis ces dernières années pour dissoudre les mariages incestueux entre le pouvoir d'Etat et la pègre. 



Que peut on jamais obtenir, au sein d'une Nation, de politiciens chefs de gang qui braquent tout un peuple à long terme; de ministres qui rongent et pillent; de hauts fonctionnaires incompétents; d'agents soi-disant assermentés qui souillent chaque jour l'uniforme national; de mécaniciens qui permutent les pièces de rechange des engins confiés à leurs soins; de professeurs qui font payer l'octroi d'un diplôme en argent et nature; d'avocats qui détournent à leur profit l'indemnité des orphelins; de chirurgiens qui, horreur extrême, dérobent les prothèses des malades qu'ils opèrent; tant d'autres comportements diversement impensables dont nous de la possibilité, sinon du caractère commun?



Tous les discours sur le développement des pays, qu'il s'agisse de ceux de mille théoriciens sans prise sur le réel, ou des nôtres, assis sur l'éveil économique des communautés rurales et péri-urbaines comme point de départ du développement compréhensif, ne pourront ni produire le développement, ni  même l'héberger, si rien n'est fait pour contrer le pillage en règle des ressources nationales. 



Produire le développement consisterait à en asseoir les bases dans nos contextes propres, dans nos ressources, dans nos efforts et nos créativités; à engager des réflexions pratiques et larges sur la stagnation de la vie de ce côté-ci du monde; et enfin à conduire des actions courageuses dans le sens bien tracé de ces mêmes préoccupations. Non pas en attribuant à tous les problèmes qui nous accablent, y compris ceux qui sont ouvragés par nos propres mains, une urgence égale, en en érigeant une rigoureuse table de priorité, à laquelle nous conformer, comme si ce fut des ordres émanent de l'Esprit même du Peuple. Voilà notre moindre devoir, et l'ombre de la honte porte sur nous so nous offrons moins qu'un engagement total et sincère à cet égard. 



Héberger le développement équivaudrait, à défaut de pouvoir le produire, à être au moins en mesure de coordonner et gérer les ressources mises à la disposition de nos pays, par la bienfaisance internationale. Notre politique de la main tendue et de la larme suspendue aurait des chances de succès. Et chaque jour, l'étranger nous apportera le développement en pièces préfabriquées. C'est arrivé à établir et à maintenir une gestion saine au sein de L’État mendiant de sorte que le peu de vivres généreusement déposés à nos portes, par les divers étrangers de passage ou en campement dans nos pays, emprunte les chemins classiques du gouffre sans fond des vaines prestations sociales et des investissements insensés. Car, en réalité, aucune action de charité, encore moins celles résultant de conventions et autres traités de nature dolosive caractérisée, dans un État libre, les conditions du dynamisme intérieur, nécessaire à la créativité et au développement authentique. 








jeudi 12 mars 2015

De la coopération internationale.

"Les peuples favorisés par la nature ou les progrès de la civilisation risquent de connaître un jour de dure réveils, s'ils ne se mettent pas en peine dès maintenant d'assurer à de moins fortunés les moyens de vivre humainement, et de se développer eux-aussi. Éveiller davantage chez un grand nombre d'individus et de nations ce sentiments de responsabilité cillective et surtout provoquer par là des interventions éclairées et généreuses, voilà une tache haute et noble; en ces temps de suspicions, de division, de révolte, la portee morale d'un tel résultat dépasse encore de loin ses conséquences matérielles."

PIE XII
Allocution à l'occasion du dixième anniversaire de la FAO, 10 novembre 1955.