mardi 22 septembre 2015

DE SOLON À LA COP21

Au Ve siècle avant notre ère, la Grèce vivait sous un régime oligarchique depuis plus d'un siècle. Quelques grands propriétaires faisaient régner leur ordre. Les abus de pouvoir devinrent bientôt tels que les petits paysans devaient payer de leur personne des dettes qu'ils ne pouvaient pas honorer conformément aux ententes conclues à l'avantage des riches prêteurs. Plutôt que de prendre ainsi le risque de devenir esclaves pour être vendus sur des marchés étrangers,  de nombreux Athéniens préféraient s' expatrier d'eux même dans l'espoir de connaître un sort meilleur dans une cité étrangère.
Exemple de lutte des classes,  diraient les tenants d'une philosophie éteinte. Donnons le pouvoir à la majorité constituée de pauvres!  Ils poseraient ainsi le problème crucial en politique: comment les faibles peuvent ils devenir forts tout en conservant la pureté associée à la faiblesse?
Les communistes ont minimisé cette difficulté. Ils ont cru que le prolétariat ou ses représentants pourraient acquérir la force tout en demeurant purs. On connaît les conséquences de cette illusion.
Les Athéniens du début du VIe siècle avant notre ère, n'ont pas commis cette erreur. SOLON avait compris que c'est le pouvoir qui corrompt et non la caste à laquelle on appartient.  C'est pourquoi sans renoncer à être l'énergique défenseur des opprimés, il mettait tout en oeuvre pour les empêcher de commettre bientôt contre les riches des excès semblables à ceux dont ils étaient eux mêmes victimes.
On dit qu'il fit tout ce qu'un habile négociateur aurait fait dans les circonstances  promettant aux pauvres le partage des terres et  aux riches la confirmation de leurs créances. Qui voudrait le lui reprocher puisque,  ayant ainsi apaisé les esprits dans les deux camps, il gagna le temps qui lui permit de faire pénétrer ses idées plus profond dans la conscience de ses concitoyens?  C'est ainsi qu'il obtint non seulement l'interdiction des procès iniques mais,  pour les pauvres, des droits qui fondèrent leur fierté et pour les riches, le maintien de privilèges qui leur évitaient de perdre la face. L'état de droit existait enfin.  Par delà  la force des uns et la faiblesse des autres,  régnait la justice incarnée dans des lois, parfois étonnantes, comme celle qui notait d'infamie quiconque refusait de prendre parti dans un débat crucial.
Toutefois, c'est d'abord Pisiscrate et Clisthène, des tyrans ayant la faveur du peuple, qui accomplirent l'exploit de faire aimer et respecter les lois écrites par SOLON. Le rêve de ce dernier,  le gouvernement du peuple par le peuple, ne se réalisa que progressivement. Mais le fruit de la démocratie était vraiment mûr lorsqu'il tomba de l'arbre. C'est le peuple qui, directement,  assumait toutes les principales responsabilités de ce nous appelons aujourd'hui l'Etat. On allait même jusqu'à recourir au tirage au sort pour le choix de certains officiers publics, afin d'éviter que marins et paysans,  prenant goût au métier de juge, ne s'éloignent de leur travail producteur pour acquérir richesses, gloires et puissance dans des fonctions permanentes qu'un quelconque leader démagogue aurait tôt ou tard la tentation de leur offrir.
Ce moment de parfaite beauté sociale, beauté dont le Parthénon est l'image, fut hélas éphémère. "Ce n'est pas la faim qui fait les révolutions, a dit Nietzsche, c'est la loi selon laquelle l'appétit vient en mangeant". L'appétit des riches était déjà bien aiguisé,  celui des pauvres ne pouvait que s' ' accroître.  Le territoire d'Athénes était cependant limité,  ses richesses également.
La justice étant une proportion, comment allait-on la maintenir tout en assurant la progression de chacun des termes?  Comment faire en sorte que dans la réalité sociale, quatre soit à huit comme deux étaient à quatre auparavant?  Les géomètres grecs étudiaient ces questions au même moment.  Elles sont l'objet des théorèmes des triangles semblables.
D'autre part, comme il fallait s'y attendre, des démagogues surgirent et les marins aussi bien que les paysans s'empressèrent d'accepter en grand nombre, d'abord d'être rémunérés pour participer à la vie de la cité et ensuite d'occuper des postes en permanence. D'autres allaient travailler à leur place. Et bientôt le sol d'Athènes n'allait plus suffire à nourrir toutes les bouches ni à produire la richesse requise pour payer les produits importés.  La démocratique Athènes en fut donc réduite à profiter de sa position de force pour faire subir à bon nombre de cités voisines le sort que sur son propre territoire les riches faisaient subir aux pauvres.
C'est ainsi que l'usage de la force contre les faibles de l'extérieur devient la condition du triomphe de la justice contre la force à l'intérieur. De la même manière,  à l'intérieur d'un même pays,  communauté de pays,  les habitants d'un village, d'un pays repousseront vers le village voisin ou le pays voisins plus pauvre telle exploitation de décharge industrielle ou ménager, tels "minorités ethniques " (Gens du voyage , Roms), tels réfugiés-migrants présentant des "inconvénients d'ordre environnemental",  des menaces économiques, démographiques, religieuses,  voir terroristes.
Vue sous cet angle,  en quoi la démocratie est-elle supérieure à un pouvoir tyrannique qui, pour se maintenir, est obligé d'opprimer les États voisins?  Sans ses colonies, Angleterre aurait-elle pu donner ses institutions démocratiques en exemple au reste du monde? Et aujourd'hui,  les pays les plus riches, acteurs principaux de la Cop21, pourraient ils continuer,  tant bien que mal,  à satisfaire simultanément leurs riches et leurs pauvres, s' ils ne prélevaient pas plus que leur juste part des ressources de la planète?
Dans les siècles passés, on pouvait encore à la rigueur se résigner à cette rivalité entre les nations en pensant que chaque région du monde aurait un jour ou l'autre l'occasion d'imposer sa loi aux autres. D'autre part, les guerres,  limitées, étaient considérées comme des choses nécessaires,  préférables,  à un état de nature tel que les peuples sont déchirés par des conflits sauvages permanents.
Désormais,  c'est dans le patrimoine planétaire, dont on connaît de mieux en mieux les limites, que les Nations les plus riches puisent les ressources qui leur permettent de maintenir leur harmonie intérieure.  Et ce patrimoine planétaire,  elles l'hypothèquent quand elles provoquent des catastrophes écologiques majeures, quand elles produisent plus que leur juste part des gaz à effet de serre, quand elles se servent de l'Afrique comme réserve de ressources etc...
C'est pourquoi le problème des rapports Nord Sud,  Pays émergés-pays émergeant, développés-sous-développés, tel qu'il se pose aujourd'hui est beaucoup plus grave que le problème que posait le rapport entre nations riches et nations pauvres dans les siècles passés.
L'enrichissement économique des ex-pays d'Europe de l'est et d'une partie de l'Asie et de l'Amérique latine, grâce au libéralisme économique et aux institutions démocratiques,  aura pour effet d'aggraver le problème et non à le résoudre.
Ce qui nous ramène à SOLON et à l'inspiration élevée dont témoigne son oeuvre, on peut penser que c'est l'amour d'une justice pure, transcendante, dont témoigne sa poésie,  qui a permis à SOLON et a ses concitoyens de faire régner à Athènes, pendant quelques années au moins,  une harmonie qui ne reposait pas sur l'exploitation des cités voisines.
Pour s'élever à la hauteur des idéaux dont ils se réclament, les pays riches ont à l'heure actuelle besoin d'une inspiration aussi élevée. Il faut poser la question de l'inspiration avec la plus grande rigueur, précisément parce qu'elle est d'ordre spirituel. On peut la formuler de cette manière: comment pourrait-on maintenir l'harmonie entre riches et pauvres  quand 1% de l'humanité possède à elle seule l'équivalent des ressources de  plus de la moitié de cette humanité.

Cette question en soulève une autre,  encore plus fondamentale. Depuis que la faillite tant du communisme que la doctrine néo-conservatrice sont  devenues manifeste, les idéologues, les extrémistes de tous bords se rejoignent pour soutenir que le libéralisme (sa forme la plus "sauvage") combiné avec un régime démocratique, crée les conditions idéales pour un développement économique. Mais considérons le spectacle qu'offrent actuellement des nombreux pays riches et démographiques, où les gouvernements se maintiennent par des promesses démagogiques, des politiques sécuritaires portées par la haine, la xénophobie, et un racisme triomphant et qu'ils ne peuvent tenir qu'en accroissant le déficit, c'est à dire en hypothéquant l'avenir. Ne sommes-nous pas obligés de conclure que,  dans le cas de ces pays,  c'est une croissance économique dont les fruits sont justement redistribués qui est la condition du maintien de la démocratie et d'un minimum d'harmonie sociale?

mercredi 17 juin 2015

Ramadan kareem

Au peuple de #Djibouti.

Remplace la mélancolie par l'ouvrage,
Doute par la certitude,
Le désespoir par l'espoir,
La méchanceté par le bien,

Plantes par le devoir,
Le scepticisme par la foi,
Le sophisme par le froideur calme
Et l'orgueil par la modestie.

mercredi 6 mai 2015

De la gouvernance de développement indispensable.

La gouvernance du développement nécessaire à la République de Djibouti devrait reposer sur les valeurs fondamentales suivantes:


Amour. 
Sentiment de profond attachement à Dieu, à son prochain et à sa patrie. Ce sentiment suppose l'estime de soi et banit l'orgueil, la haine, l'antipathie et les luttes fratricides. 

Préservation de la Vie. 

Acton de créer les conditions matérielles, psychiques et intellectuelles pour que la Vie humaine, en tant que Valeur Suprême dans l'échelle des Droits de L'homme, soit sauvegardée et se développe dans ses fonctions de base. 


Sens élevé de responsabilité. 
Forte conscience d'assumer une charge et de répondre des conséquences qui en découlent, il exclut irresponsabilité, le laisser-aller, l'inertie, le populisme. 


Abnégation 

Sacrifice de soi-même, de son intérêt au bénéfice de l'intérêt général; elle se présente comme le contraire de l'égoïsme. 

Audace. 

Grand courage, sens de l'initiative opportune, force de caractère, fermeté devant le danger ou toute situation difficile à affronter; elle s'oppose à la peur d'agir, de penser et de dire, à l'inertie administrative et sociale. 


Travail. 

Activité laborieuse de l'homme considérée comme facteur essentiel pour l'épanouissement personnel, la production et la croissance économique. 


Dignité. 
Valeur inhérente à un être humain, qui lui est propre et qui fait son honneur. 

Excellence. 
Degrés élevé de perfection qu'une personne a en son genre et qui s'entend du refus de la médiocrité, de la perfection et de la paresse. 

L'intégrité. 
État d'une personne honnête, prône et incorruptible; elle constitue l'un des fondements de la dignité humaine et fait appel au détachement, au refus de la cupidité en tant que désir indécent mesquin d'amasser des bien matériels. 

Justice. 
Principe moral qui exige le respect du droit et de l'équité considérée comme une justice naturelle ou morale indépendante du droit en vigueur; elle fait appel à l'impartialité et exclut l'iniquité, l'injustice, la violation du droit. 

Liberté. 
Faculté pour un citoyen de faire tout ce qui n'est pas contraire à la loi et qui ne nuit pas à autrui; elle s'oppose à la servitude, aux  entraves, aux contraintes et à l'arbitraire. 

Paix. 
État de concorde, d'accord, de tranquillité, d'harmonie et de sérénité d'esprit entre les membres d'un groupe, d'une nation; elle exclut la guerre, la violence, les troubles, les divisions et les conflits. 


Solidarité. 
Relations entre personnes ayant conscience d'une communauté d'intérêt, qui entraîne, pour les uns l'obligation morale de ne pas desservir les autres et de leur porter assistance; elle s'oppose à l'individualisme et à l'égoïsme. 

Vérité. 
Réalité des faits, amour du vrai (ce qui est conforme à la réalité) par rapport au faux (ce qui est contraire à la réalité). 









dimanche 3 mai 2015

Du développement solidaire.

Le développement exige en priorité que la population soit éveillée, que les femmes et les hommes soient éclairés afin de participer à l'activité économique.


Cette brève analyse conduit encore à donner plus de relief à cette conclusion d'Arthur Lewis. 

" Les ressources d'un pays étant données, son taux de croissance est déterminé par le comportement humain et par les institutions humaines, par des facteurs comme l'énergie morale, l'attitude à l'égard des biens matériels, la propension à épargner et investir de façon productive, la liberté et la souplesse des institutions. 


Les ressources naturelles déterminent le cours du développement et elle constituent un défi à l'esprit humain défi qu'il peut ou non relever. De tout cela, il en ressort que le capitalisme financier n'est fondé que dans des mains expertes. Or comment favoriser l'apparition de ces mains expertes? Par l'instruction assurément. ". 

dimanche 26 avril 2015

Le syndrome de la termitière

Dans la société, l'Etat est l'instance qui gère le pouvoir et qui, directement ou indirectement, l'exerce aussi. Mais l'Etat n'est pas un être de nature, une entité en soi. Il devrait être la projection matérialisée et structurée des volontés convergentes des membres de la cité pour mieux assumer leur finalité.

Ceci est la théorie. La réalité est la conception très particulière que l'on se fait de L'Etat en République de Djibouti. 


Une termitière est un corps dont les termites ne sont que les membres. Cela signifie qu'aucun termite ne jouit de liberté; en ce sens, aucun n'est capable d'initiative qui puisse s'écarter de la ligne de conduite d'ensemble de la termitière ou celle d'un groupe de termites donné de termites -les guerriers par exemple - étant donné que ce groupe lui-même ne fait qu'assumer un aspect de la finalité globale de l'ensemble.

En conséquence, la reine, en tant que "Chef de l'Etat" ou, si l'on veut, en tant que point focal matérialisé de toute l'énergie de la termitière, dispose de tous les moyens nécessaires à l'accomplissement de son "devoir", à la réalisation des objectifs à atteindre.

Des recherches ont permis en effet d'observer que, dans la termitière, toute la vie sociale est réglée à partir de la reine qui, par télépathie, envoie toutes les informations utiles aux diverses parties qui sont comme autant de membres d'un corps dont elle est le cerveau.

Et l'on s'est rendu compte que si la reine était détruite, les autres termites cessaient à l'instant même de savoir où aller et que faire; ils meurent donc eux aussi. 

Nous voudrions attirer l'attention que cette analogie tirée plus d'une leçon de biologie primaire mais primordiale nous permet d'éclairer la nature du pouvoir livré à lui même  qui devient fou. 


C'est le lieu de rappeler que tout pouvoir pour le pouvoir finit par se détruire lui-même. 

Il n'y a d'authentique pouvoir humain que s'il est reconnu et s'il est pouvoir au service des hommes.