dimanche 26 mai 2019

LA PROMOTION DE LA CULTURE DJIBOUTIENNE


Après avoir attendu quels temps, pour ne pas dire quelles années, et vu les ministres en charge de la culture se suivre sans que la moindre action en faveur la culture soit amorcée, j'ai finalement compris que ces responsables ministériels n'ont aucune idée du sujet dont ils ont la charge. Ils ignorent totalement de quoi on parle quand on évoque la culture.

Alors je prends la plume, ou mon clavier, pour apporter mon humble contribution, même si je sais que c'est peine perdue dès qu'il s'agit de ces femmes et hommes qui dirigent ce pays, tant ils sont convaincus détenir le savoir et la connaissance universels.





La culture, peut être caractériser comme étant la totalité des manières d'être, de savoir, de faire savoir, de produire et de reproduire nos moyens d'existence ; une totalité qui englobe aussi bien les domaines intellectuels, matériels que spirituels de notre vie sociale.

C’est l’ensemble des mécanismes mis en œuvre par l’homme pour connaître son environnement, le transformer afin de vivre en harmonie avec cet environnement et avec lui-même. Elle trouve son origine et sa finalité dans l’homme. On peut dès lors affirmer qu’elle est une donnée qui évolue selon la vie et le développement de chaque société humaine.

La politique culturelle, comprise comme l’organisation au niveau institutionnel de tout cet ensemble de règles sociales, de comportements et de manifestations cultuelles doit constamment s’adapter à l’évolution de notre société et tenir compte de ses transformations, de ses mutations, des crises qui la secouent et des changements qu’elles entrainent.

De tout temps, l’organisation de la vie culturelle des peuples a été un souci permanent des gouvernements qui l’ont diversement mis en pratique.
Les anciennes puissances coloniales de l’Afrique l’avaient bien compris. Ils avaient mis au point pour les peuples colonisés une politique d’assimilation qui a abouti à la destruction de leur valeurs profondes, une politique d’oppression et d’aliénation culturelle afin d’avoir à leur service une population accessible à leurs idées et, partant, toute dévouée à leur cause. Le gouvernement de la République de Djibouti l’a également compris. C’est d’ailleurs pourquoi il a adopté dès 1977 une politique culturelle visant à réhabiliter nos valeurs culturelles, mais pour certains de nos concitoyens, la culture a semblé et semble encore malheureusement un élément subversif et se doit d’être soumis à l’idéologie du Parti unique.

Si l’on doit à la vérité de reconnaître que la politique culturelle de la République de Djibouti comportait des orientations progressiste et largement en rupture avec le mimétisme cultuel tacitement encouragé par les colons et ses serviteurs, force est de constater qu’une nouvelle aliénation a succédé à la première, réduisant au silence les voix dissidentes, enfermant les aspirations dans l’enclot de la propagande politique.
Aujourd’hui, notre politique culturelle doit avoir pour ambition l’épanouissement des libertés fondamentales, de la multiplicité des courants de pensées, de toutes les exigences d’une démocratie pluraliste et qui replace la culture à la base du processus de développement de la République de Djibouti.

Le manifeste culturel panafricain (1969) définit la culture comme « l’action de l’homme sur lui-même et sur le monde pour le transformer et. Par là, elle englobe le social, le politique, l’économique et le technique ». Vue dans cette perspective, elle englobe la totalité de l’outillage matériel et immatériel, œuvres et ouvrages d’art, savoir et savoir-faire, langue, mode de pensée, comportement et expérience accumulées par le peuple djiboutien dans son effort de libération pour dominer la nature et édifier une société toujours meilleure.

Mais chacun de ces éléments, dans sa formation et dans son évolution, est influencé par l’environnement géographique, les vicissitudes de l’histoire et des voisinages successifs lies aux migrations des peuples. Un regard panoramique sur les peuples qui composent l’actuelle République de Djibouti conduit à constater que la culture djiboutienne a de tout temps été une culture pluriethnique, même si, dans l’esprit, on peut y trouver des facteurs d’unité.

Mais la dimension plurielle de la culture djiboutienne endogène ne peut être considérée ni comme un facteur de division, ni comme un handicap à la mise en œuvre d’une politique culturelle unitaire. Elle doit, au contraire, être perçue comme une source d’enrichissement des Djiboutiens ; et une conscience permanente de cette réalité incontournable garantirait à son programme culturel une pleine efficacité.

Elle commande justement d’encourager les brassages ethniques, soutenus par une politique d’information constante sur les spécificités multiples qui composent cette culture afin de favoriser la conscience d’appartenir à une même communauté nationale.

L’introduction dans notre société d’une éducation de type occidental et d’un système de développement basé sur les technologies étrangères oblige aujourd’hui au constat d’une bipolarité culturelle.
La culture pluriethnique endogène coexiste aujourd’hui avec une culture importée unifiée autour des modes de pensée et de conduite véhiculés par l’école, les media et les contacts avec l’extérieur. C’est pourquoi toute action culturelle devrait veiller à ne marginaliser aucun des deux pôles. Elle pourrait viser à réaliser une interpénétration féconde. C’est dans et par la culture que se développe la créativité, facteur premier de tout développement économique. C’est pourquoi la politique culturelle de notre pays soutiendrait et favoriserait tout effort de création pour que la culture de manière active aux projets de développement intégral du pays.


La créativité ne s’épanouissant que dans un climat de liberté, c’est dans l’intérêt de la femme et de l’homme djiboutien que la politique culturelle participe activement à la lutte pour l’instauration d’une société véritablement démocratique où puisse s’exercer librement l’initiative créatrice. « La culture n’apparaît donc pas (…) comme un but à atteindre par les moyens d’une démocratisation décrétée et planifiée d’en haut par l’administration, mais au contraire comme une donnée première, une réalité à laquelle la politique culturelle doit s’ajuster, en lui donnant les structures institutionnelles nécessaires pour se manifester et s’épanouir » (Rapport final d’AFRICACULT, 1975)

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